mercredi 27 février 2013

à ma Mamie ...

Ma grand-mère est actuellement en séjour à l’hôpital. Depuis déjà quelques années, elle est atteinte d'une forme d’Alzheimer, qui grignote petit à petit ses neurones et donc sa mémoire. Cette maladie entraine la perte progressive et irréversible des fonctions mentales du patient, mais les causes exactes restent encore inconnues. Le premier symptôme est souvent des pertes de souvenirs (amnésie), se manifestant initialement par des distractions mineures, qui s'accentuent avec la progression de la maladie. Les souvenirs plus anciens sont cependant relativement préservés, et je m'en suis bien rendu compte avec ma mamie : la dernière fois que je l'ai vue, elle nous a parlé de ses années chez les bonnes sœurs (avant de se marier !), dont elle semble bien se rappeler ! Par contre, elle serait bien incapable de se rappeler d'un évènement qui s'est passé deux minutes plus tôt. Elle est également sujette aux confusions, à l'irritabilité, l'agressivité, ainsi qu'aux troubles de l'humeur et des émotions. Un exemple : en l'espace de quelques minutes, elle peut passer du rire aux larmes, c'est assez troublant la première fois ! Elle peut se taper un fou rire (un vrai, incontrôlable), et quelques minutes après elle sera en larmes, profondément triste et désemparée, et agressive envers son mari. Et puis, elle est persuadée que son mari (mon grand-père, donc) va voir "d'autres filles", là dessus elle délire complètement car mon grand-père n'a jamais été infidèle ou quoi, mais elle s'imagine même qu'il va fricoter avec sa propre fille ou petite fille ! A Noël, pendant les repas, elle disait souvent, sur un ton de reproche : "tu es content d'être entouré de filles, hein ?!" ... J'ai d'ailleurs lu que c'est assez fréquent chez les malades.

La première fois que j'ai vu ma mamie vraiment diminuée, c'était l'année dernière, à Pâques. Depuis, les fois où je l'ai vue ça allait beaucoup mieux, mais à Pâques, ça m'a véritablement fait un choc, mon frère et moi on s'est pris une grosse claque et on a pleuré dans les bras de nos tantes. Son regard était vide, sans cesse perdu dans le vague, elle n'a pas dit un mot de tout le repas ... C'était assez impressionnant. Je la savais malade, on m'y avait préparée, mais ça m'a tout de même fait un choc. C'est un peu comme si, progressivement, j'avais perdu ma mamie ... Elle est encore là, mais plus vraiment elle-même ... Je ne suis même pas sûre qu'elle nous reconnaisse toujours. Parfois, il semble évident que oui, elle sait qui je suis, et d'autres fois, je crois bien que non. Je ne la vois pas souvent, car nous vivons loin. La dernière fois que je l'ai vue, c'était chez mes parents, mi janvier. Elle était de bonne humeur, elle riait et chantait. Bien sûr il fallait lui donner à manger, et l'accompagner dans chacun de ses gestes, notamment pour aller aux toilettes. Mais elle chantait ! et ça, ça n'a pas de prix :-) A un moment, à table (elle était assise à côté de moi), elle m'a touché le bras et nous nous sommes pris la main. Ça m'a fait du bien, ça m'a émue ... J'ai eu la sensation qu'elle me disait "ne t'inquiète pas". J'ai accepté son état. Bien sûr, c'est plus facile pour moi que pour ces enfants, mon père, mes tantes. Une de mes tantes le vit particulièrement mal, celle qui vit le plus proche d'eux. 

Quoi qu'il en soit, elle sera toujours ma mamie. Celle qui me gardait quand j'étais petite et que ma maman travaillait. Celle qui venait me chercher à l'école maternelle et celle chez qui mon papa venait me chercher le soir après son travail. Celle qui ne voulait pas lâcher mon verre de sirop tant que je n'avais pas dis "merci". Celle qui me donnait les "lucioles" en cadeau dans la lessive. Celle qui m'emmenait jouer au square. Celle à qui je préparais "un petit tafé" (= du sable dans une tasse à café de dinette). Celle qui me tricotait des pulls en laine et des cagoules qui grattent. Celle qui me donnait des pastilles Vichy. Celle avec qui on faisait de bons gâteaux au batteur électrique. Celle qui regardait les Feux de l'Amour et Des chiffres et des lettres. Celle qui m'enregistrait des dessins animés sur des VHS. Celle qui a tricoté ma poupée Bécassine. 


Celle qui chantait un tas de comptines pour enfants, apprises lors de son boulot d'animatrice de colo ! :-)

Notamment celle-ci, que l'on chantait en se promenant, en marchant avec entrain.

 

Et je serais toujours sa petite fille, sa première petite fille. 

J'ai eu une boule à la gorge tout au long de la rédaction de cet article. Ça m'émeut beaucoup de me souvenir de tous ces moments. J'ai eu une super grand-mère, un peu sévère parfois, mais grâce à qui j'ai eu une enfance heureuse. Merci Mamie, ma Mamie.

2 commentaires:

  1. Oh! <3 les lucioles dans la lessive... ma Mamie aussi me les réservait... :-)

    C'es triste de voir les gens qu'on aime décliner ainsi... surtout, bien s'accrocher à leur moments de lucidité pour profiter de chaque instant de bonheur!
    Tout mon soutien. :-)

    RépondreSupprimer